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Aide-mémoire de réflexions rapides et brouillons de futurs articles : les courts textes présentés ici ne sont pas finalisés, mais peuvent servir à provoquer la réflexion.

Le thème général est l'analyse des sociétés actuelles selon la grille de la psychologie évolutionniste. La lecture préalable de : Pourquoi les femmes des riches sont belles : Programmation génétique & compétition sexuelle (Gouillou, Ed. Duculot (Louvain, Belgium), 2003) est requise, ou du moins une bonne connaissance générale du sujet : Axelrod, Buss, Dawkins, Geary, Hrdy...

De nombreux termes utilisés sont expliqués dans le Glossaire Evopsy.


07 février 2004

La Commission Européenne finance l'Evopsy

©Philippe Gouillou - 07 février 2004 - 20:02
arc20040201.htm#BlogID203

"What it means to be human", un document de la Commission Européenne du 16 décembre 2003, m'apprend que la Commission Européenne a décidé de financer les recherches en psychologie évolutionniste. Bien sûr, ils ne citent pas le nom Psychologie évolutionniste, mais, au sens actuel du terme [1], ça correspond tout à fait [2] :

"Cette initiative PATHFINDER a pour objectif d'exploiter les nouvelles opportunités scientifiques qui existent à l'interface des sciences cognitives et des disciplines liées, et de donner une impulsion à la transformation en cours dans les sciences cognitives du fait de ces développements interdisciplinaires."
<...>
"Les nouveaux développements en génomique, neurobiologie, etc., permettent d'examiner les phénomènes cognitifs à différents niveaux d'analyse, en reliant la dimension génétique à celle comportementale, et finalement aux dimensions sociales et culturelles. Cela suggère la perspective d'une compréhension plus intégrée de l'esprit/cerveau humain, dans le sens d'un organe qui a été façonné par l'évolution humaine, et qui englobe (entre autres) les idées suivantes ;
  • Que "l'intelligence individuelle" est multidimensionnelle, englobant des facultés cognitives, émotionnelles, communicationnelles, perceptuelles, et autres, qui sont hautement inter-reliées, et fonctionnellement intégrées ;
  • Que les caractéristiques de l'esprit sont intimement connectées aux caractéristiques structurelles du cerveau, et à la biologie humaine dans un sens plus général ;
  • Que le cerveau humain et les facultés mentales ont été influencées par des pressions sélectives multiples, opérant à des niveaux différents, avec des interactions significatives entre les facteurs physiologiques, mentaux, culturels et environnementaux ;
  • Que l'esprit adulte est créé au travers d'un processus de développement individuel, reliant la génétique, les facteurs environnementaux et socio-culturels, processus qui est lui-même une résultante du processus évolutionnaire."

Nous sommes bien en plein évopsy, et il s'agit donc bien d'un retournement complet de l'orientation Européenne par rapport à cette approche accusée depuis ses débuts d'être "purement américaine". On notera bien sûr que de nombreuses phrases de ce document sont extrêmement diplomates, comme par exemple celle citée ci-dessus qui définit d'abord l'intelligence comme "multidimensionnelle" (= négation du Facteur g) et qui après avoir nommé quelques facultés les affirme comme "hautement inter-reliées, et fonctionnellement intégrées" (= définition du Facteur g). Il n'empêche que lier l'intelligence à la génétique était jusqu'à il y a très peu totalement tabou (voir toutes les insultes qui m'ont été adressées ces dernières années).

Il reste maintenant à voir comment vont se passer les (très nombreux) retournements de veste. Comme je l'écrivais ("Une époque du héros" du 23-11-03), mon idée est qu'elles vont s'accompagner d'attaques médiatiques contre tous ceux qui ont le tort d'avoir eû raison trop tôt...


NOTES :
  1. L'évopsy désigne maintenant le plus souvent l'ensemble des recherches évolutionnistes en psychologie, et plus seulement le mouvement né fin des années 1980 des travaux de Tooby, Cosmides, Barkow, Buss, etc.
  2. Traduction personnelle : le texte n'est disponible qu'en version anglaise sur le site du NEST

06 février 2004

Multiculturalisme

©Philippe Gouillou - 06 février 2004 - 14:14
arc20040201.htm#BlogID202

D'un coté, la politesse est une obligation absolue, et tout manquement provoque une réprobation unanime ; de l'autre, tout signe de politesse est perçu comme un aveu de faiblesse, et sera exploité en tant que tel. D'un coté, les voitures s'arrêtent pour laisser passer les piétons, lesquels font attention à ne pas géner les voitures : de l'autre, laisser passer un piéton sera compris comme un acte de soumission, que le vainqueur saura faire payer au conducteur. D'un coté, chacun peut vivre sa vie tranquillement ; de l'autre, chaque instant est un combat pour imposer sa place dans la hiérarchie. D'un coté, l'honnêteté est une vertu nécessaire ; de l'autre, respecter ses propres engagements est se rabaisser soi-même comme un inférieur.

Bien sûr, selon les règles absolues du multiculturalisme, toutes les cultures se valent, et il est obligatoire de croire que la richesse du premier pays et la pauvreté du second ne sont en rien expliquables par les différences décrites ci-dessus.

05 février 2004

Mariage politiquement correct

©Philippe Gouillou - 05 février 2004 - 15:09
arc20040201.htm#BlogID200

Par chance j'ai assuré ce coup-ci : j'ai épousé une personne d'une minorité défavorisée. Bientôt, ce sera certainement obligatoire : comment peut-on lutter contre le racisme et contre la souffrance des populations défavorisées en n'agissant qu'au niveau professionnel et sans intervenir de manière active à celui, tellement plus important, de leur vie privée ?

Pour ma part je suis fier d'être du bon coté de l'Histoire : mon geste si hautement symbolique m'inscrit en fer de lance de ce mouvement humaniste si généreux de lutte contre le racisme et pour l'amitié entre les peuples. Me voici ambassadeur de l'avenir, exemple du futur, modèle à suivre, et tout ça en aidant une personne d'une population défavorisée à sortir de sa condition. J'ai vraiment assuré.

Le problème, c'est que quand je dis ça à ma femme elle n'a pas du tout l'air d'accrocher. Pire, elle conteste même l'idée d'appartenir à une population défavorisée. A chaque fois que je lui en parle, voilà qu'elle m'invective, me traite de "colonialiste", m'accuse d'être 50 ans en retard, me conseille d'étudier l'histoire. J'essaie bien de la raisonner, de lui rappeler l'importance d'une politique active de lutte contre le racisme par une discrimination positive, notamment sexuelle : elle ne veut rien entendre. Elle ne croit même pas que notre mariage s'inscrit dans le moindre collectivisme : aucun débat n'est possible.

Cela me chagrine beaucoup, et je m'interroge. Comment pourrai-je la ramener à la raison ? Comment pourrai-je lui faire comprendre l'importance de la lutte contre le racisme ? En un mot : que dois-je faire pour la remettre à sa place ?

Inquiétudes...

©Philippe Gouillou - 05 février 2004 - 13:55
arc20040201.htm#BlogID199

Cela fait des années que je maintiens des listes électroniques, de discussion ou de diffusion. La plupart sont, et ont toujours été, totalement libre d'accès : tous ceux qui le souhaitent peuvent s'y inscrire, mon seul filtre étant d'essayer d'éviter les robots spammeurs. De même, les inscrits sont libres ou non de participer à la vie de la liste : ceux qui le souhaitent peuvent s'exprimer, et ceux qui le préfèrent peuvent conserver leur situation de lurker anonyme, sans que personne ne vienne les contraindre à quoi que ce soit.

Bien sûr, en agissant ainsi, je ne sais absolument rien de la plupart des inscrits : je ne connais ni leur sexe ni leur âge ni leur religion ni leur orientation politique ni leur origine ethnique. Jusqu'à présent, cela ne me posait absolument aucun problème, mais, au vu de l'orientation de la loi Française, je commence à m'inquiéter.

Les inscrits à mes listes sont-ils suffisamment représentatifs de l'obligatoire diversité de la population française ? Je n'en sais strictement rien, mais il y a des chances que non : je n'ai mis en place aucune procédure permettant de m'en assurer. Certainement des populations nécessairement défavorisées ne sont-elles pas suffisamment présentes sur mes listes. En agissant ainsi (ou plutôt : par mon inaction) ne porté-je pas préjudice à des minorités non suffisamment représentées sur mes listes ? Je n'en sais fichtre rien : comment pourrais-je le prouver ?

Pire, quand je réponds à un mail sur liste, je le fais sans d'abord m'être informé des origines ethniques, religieuses, sexuelles, etc. de son auteur. N'est-ce pas là prendre un risque inconsidéré de ne pas respecter assez sa diversité ? Les penseurs américains de la discrimination positive l'ont pourtant assez souvent répété : la prise en considération préalable de la race et du sexe de l'interlocuteur est une condition nécessaire à la mise en place d'une communication authentique non discriminatoire (voir par exemple The Cass Case).

Je ne sais comment me rattraper. Comment pourrai-je prouver que je n'ai discriminé contre aucune population défavorisée alors que je n'ai mis en place aucune procédure permettant d'assurer sa parfaite représentativité ? Comment pourrai-je répondre aux accusations de racisme alors que je ne connais même pas la couleur de peau de mes interlocuteurs ?

Le racisme est un collectivisme : bientôt obligatoire ?

©Philippe Gouillou - 05 février 2004 - 13:12
arc20040201.htm#BlogID198

Un excellent article de François René Rideau de mai dernier sur La Page Libérale, "Différences et discriminations - collectivisme et individualisme" rappelle une évidence que toute la propagande actuelle cherche à cacher : le racisme est d'abord et avant tout un collectivisme. Extrait :

"Les racistes sont des collectivistes qui voudraient classer différencier a priori les personnes selon certains caractères génétiques (ou phénotypiques) - qui existent indéniablement, - et inscrire ces différences dans la loi, donnant des privilèges aux uns, des brimades aux autres, et des prohibitions pour tous. Bref, les racistes veulent imposer à tous leurs critères de discrimination. Bien sûr, les critères imposés ne sont jamais pertinents - car les critères pertinents, qui existent, n'ont pas besoin d'être imposés (on embauchera pas un nain comme hercule de foire, ni une chinoise comme sosie de Saddam, ni elephant man comme jeune premier, ni Stephen Hawking comme coureur olympique - pas la peine de loi pour ça)."
Il y a une quinzaine d'années, les employées des ASSEDIC en relation avec la clientèle avaient été embauchées sur leur situation familiale. Seules des femmes avaient été embauchées, et les critères de sélection n'avaient pas pris en compte les compétences qu'elles pouvaient, ou non, montrer à ce métier. Puis, avec le succès des politiques de lutte contre l'emploi, il a fallu embaucher de plus en plus de fonctionnaires pour gérer les cohortes chaque jour grandissantes des "demandeurs d'emploi". Bien sûr, énormément ont alors postulé pour obtenir un poste offrant autant de garanties, et le recrutement est devenu beaucoup plus sélectif, le niveau des recrutés a beaucoup monté. De plus, la discrimination par le sexe n'était plus obligatoire, et des hommes ont été embauchés.

Un chômeur allant aux ASSEDIC avait donc des chances de se retrouver face à deux types d'agents : ceux et celles nouvellement recrutés, dont les compétences avaient été sélectionnés, et celles plus anciennes, dont le niveau de compétence n'était pas assuré. Bien sûr, un chômeur devant trouver une solution à un problème administratif complexe avait tout intérêt à tomber sur un agent récemment embauché : les chances qu'il/elle ait un niveau intellectuel suffisant étaient beaucoup plus élevées. Comment faire ? Tout simple : puisque seule la deuxième vague de recrutement avait embauché des hommes, il suffisait de choisir un agent homme (et de fuir les agents féminins) pour être certain de sa qualité. Cela ne signifie en rien que toutes les femmes étaient incompétentes : juste qu'on ne pouvait en être certain, contrairement aux hommes.

Les temps ont changé maintenant, et il est probable qu'une telle stratégie n'est plus aussi vitale. En toute logique, l'accroissement exponentiel du nombre d'agents ASSEDIC lié à l'augmentation du nombre de chômeur (le sens de la causalité est assez incertain) fait que l'immense majorité des agents ont maintenant été sélectionnés selon leurs compétences.

La situation va pourtant changer, et il va falloir se remettre à la recherche et l'utilisation de tels "trucs" : il est prévu d'inscrire dans la loi Française des critères raciaux et religieux totalement déconnectés de toute notion de compétence comme critères obligatoires de recrutement. Heureusement, la technique est simple : il suffit de connaître quelles sont les populations bénéficiant de la discrimination positive, et d'éviter systématiquement tout contact avec un membre de cette "population". Par exemple, si un quota de noirs parmi le personnel est obligatoire, alors il suffit d'éviter tout contact professionnel avec un noir : peut-être a-t-il été embauché pour la couleur de sa peau, uniquement pour remplir les quotas, pas pour ses compétences. Tout le jeu sera donc d'arriver à suivre pour savoir quelles sont les populations qui seront embauchées sur leur origine. Pour l'instant on ne parle que des musulmans, mais les noirs font déjà entendre de la voix pour profiter eux aussi du nouveau gâteau.

Bien sûr, cette technique ne fonctionnera qu'un temps. Un jour où l'autre, les populations "défavorisées" se plaindront de ce nouveau "racisme", et des lois viendront interdire toute sélection, tout choix : en fait il y aura obligation de ne traiter qu'avec les bénéficiaires de la discrimination positive sous peine d'ammendes ou d'autres contraintes. Mais fondamentalement ça revient au même : il faudra encore être capable de les distinguer des autres.