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Aide-mémoire de réflexions rapides et brouillons de futurs articles : les courts textes présentés ici ne sont pas finalisés, mais peuvent servir à provoquer la réflexion.

Le thème général est l'analyse des sociétés actuelles selon la grille de la psychologie évolutionniste. La lecture préalable de : Pourquoi les femmes des riches sont belles : Programmation génétique & compétition sexuelle (Gouillou, Ed. Duculot (Louvain, Belgium), 2003) est requise, ou du moins une bonne connaissance générale du sujet : Axelrod, Buss, Dawkins, Geary, Hrdy...

De nombreux termes utilisés sont expliqués dans le Glossaire Evopsy.


27 novembre 2003

Comment être Politically Correct ?

©Philippe Gouillou - 27 novembre 2003 - 10:12
https://evoweb.net/blog/arc20031123.htm#BlogID76

Hier, lassé du niveau de réaction que je lis sur la liste Douance, j'ai cherché à trouver comment je pourrais faire pour enfin devenir Politically Correct. C'est une question de sécurité : ma femme me dit que je vais me faire buter, qu'il faudrait que je fasse attention, que je me mette dès maintenant du bon coté. Hélas, ce n'est vraiment pas facile.

J'ai pourtant essayé sincèrement et ai lancé ma recherche logiquement : être PeeCee demande tout d'abord d'être de gauche, et je me suis donc tourné vers le site de gauche francophone : Indymédia. Pour ne pas aller trop vite et effectuer une conversion en douceur, je me suis tout aussi logiquement restreint au domaine que je connais, à savoir les relations hommes-femmes. C'est facile, Indymédia a un dossier spécialement réservé à ce sujet, Sexe, Genre, Sexualité(s), qui se définit clairement :

Cette page thématique regroupe toutes les contributions relatives au thème Sexe/genre/sexualité(s)
Elle ambitionne de recueillir toutes les contributions qui touchent aux rapports de genre, à la critique et aux luttes contre le patriarcat, la normalisation hétérosexuelle et tout mécanisme disciplinaire et de contrôle de nos corps fondé sur des systèmes binaires de sexe ou de genre ; les luttes des femmes, les luttes pour les droits des femmes (précarité, travail domestique, travail sexuel, migrations, réfugiées, victimes de la violence...) ; les luttes des transexuels, gays, lesbiennes, bisexuels, queer ; les luttes pour la liberté sexuelle.
Il suffit donc de traduire : il ne faut pas distinguer les hommes des femmes selon des critères binaires (comme le sexe ou le genre), et il faut défendre les femmes.

J'étais déjà perdu. Peut-être devrais-je me limiter encore plus à un domaine encore plus précisément défini ? Cherchons des définitions :

L'antiféminisme et l'intégrisme religieux sont parmi les manifestations les plus agressives de la droite qui domine le monde. (L'antiféminisme dans les réseaux alternatifs)
C'est donc la faute à la droite : j'aurais du m'en douter. Emoustillé par un tel succès, j'ai cherché à aller plus loin et me suis interrogé avec le titre d'un article : Le feminisme : Mais lequel ?
Les hérétiques sont bien plus haïs que les infidèles. C'est sans doute pour cette raison que les féministes anti-pornographie désignent dédaigneusement les femmes qui l'aiment - des femmes comme moi - en les traitant soit de victimes pathétiques soit de déplaisantes traîtresses.
Aïe : ça n'a pas l'air facile la vie dans ces milieux, je dirais même que c'est plutôt explosif. Un peu effrayé, je restreins encore mon champs de recherche, et me concentre sur le sujet qui fait les beaux jours de M6 tous les mois : Le travail du sexe. Au moins, me dis-je, ce sujet ne peut mener qu'à des certitudes : la prostitution est la marque la plus absolue du patriarcat et de l'exploitation des femmes par les hommes (qu'il ne faut bien évidemment pas distinguer selon des critères binaires comme le sexe ou le genre), ou quelque chose tout comme. C'est ce qu'ils ont répété à la TV française.

Las, je tombe sur des articles d'une ex-professionnelle Canadienne, Roxanne Nadeau, qui dit tout le contraire : Le travail du sexe est un travail et ce sont les hommes qui cherchent à l'interdire, encore une marque du patriarcat dominant !

Dernier essai . Un sujet quotidien, facile à appréhender, dont ils viennent de parler au JT de TF1 (26-11-03, PPDA au JT de 20h) : la violence conjuguale. Une enquête de l'ENVEFF l'a dé-mon-tré : 10% des femmes sont victimes de violences conjugales, c'est hor-ri-ble, il-faut-lé-gi-fé-rer. Voilà une certitude : à lutter contre les violences subies par les femmes, j'arriverai à me refaire une virginité et à me donner une image Peecee, celle-là même dont j'aurai tant besoin pour survivre aux massacres qui s'annoncent !

Hélas, trois fois hélas, Claire s'est plongée dans cette enquête, et a trouvé que par violence, il fallait aussi entendre les engueulades au sein du couple, et pas seulement les coups et blessures ou tortures psychologiques. Bien sûr qu'avec une telle définition on peut démontrer ce qu'on veut.

Alors j'ai craqué, et j'ai suivi des liens au hasard. Et je suis tombé sur un site Canadien qui cite plein d'études, dont  :

Les femmes lesbiennes en couple sont, et de loin, les plus violentes. L'appât du gain, la supériorité de l'une sur l'autre (la boutch), la violence sexuelle et physique, la violence psychologique... Pendant que les féministes s'affolent pour 7 à 8% de violence légère pour la majorité des couples hétéros, les lesbiennes, elles, jouent entre 30 et 46% de violence conjugale. U.S. Governement Health and Human Service (H.H.S.) Dept, 7 May 2000. 22 recherches indépendantes le confirment.
Heureusement que mes lectures précédentes m'avaient permis d'acquérir une grille de compréhension : la violence des lesbiennes, ça ne peut être que la faute à la droite et au patriarcat.


26 novembre 2003

Ce qu'il faut en penser...

©Philippe Gouillou - 26 novembre 2003 - 14:13
https://evoweb.net/blog/arc20031123.htm#BlogID75

Apprendre aux autres ce qu'ils doivent penser de tel ou tel sujet est devenu un élément essentiel de la culture Européenne.
Ouvrez n'importe quel magazine, et vous vous verrez proposé des articles pédagogiques qui vous expliqueront quoi dire et quoi penser de tous les sujets qui pourraient, ou pas, vous concerner de près ou de loin. Les journalistes ne se contentent plus de vous donner des informations, éventuellement accompagnées de leurs commentaires personnels, ils vous explicitent ce qu'il faut en retenir, ce qu'il faut en penser et ce qu'il faut en dire.

Une balade dans les rayons de la FNAC (Fédération Nationale d'Achat des Cadres) est édifiante : vous n'avez même plus besoin de réflechir, ils vous affichent ce qu'il faut avoir lu, ou ce qu'il faut avoir entendu. Quand je vois que la FNAC sponsorise ARTE, la télé qui vous apprend ce qu'est la culture, je me dis qu'ils se sont trouvés : une telle communauté de point de vue, c'est extraordinaire !

Bien sûr, ce n'est pas avec ma formation d'origine que je vais critiquer le marketing de la FNAC : tout indique qu'il est particulièrement efficace. La FNAC est une société privée, qui ne demande pas d'argent à l'état, et qui connaît un beau succès : on ne peut que les en féliciter. La concordance de positionnement d'ARTE, qui elle est presque à 100% financée par les impôts, pose beaucoup plus de questions. Mais surtout, ma formation m'a aussi appris qu'un positionnement ne peut pas réussir tout seul, aucune entreprise ne peut décider seule comment elle va manipuler sa clientèle. Il lui faut d'abord s'appuyer sur un existant, découvrir quelle est sa clientèle, segmenter, et ensuite s'adapter à cette clientèle, pas la créer.
Si la FNAC réussit en expliquant aux gens ce qu'ils doivent penser, si cette débilisation de la clientèle est ce qui lui permet de vendre, c'est que la clientèle était déjà débile avant, et que d'autres s'étaient déjà chargé de la rendre ainsi. Par chance pour elle (et grâce au talent de ses équipes marketing), la FNAC encaisse les bénéfices de cette tendance lourde. Mais elle n'en est pas responsable.

J'ai toujours une tendance négative envers les théories de la conspiration : trop compliquées, elles me paraissent ne pas pouvoir tenir face aux trahisons internes des conspirateurs. Mais, pour arriver à un tel résultat, il faut quand même que la télévision et l'éducation aient accordé leurs violons.

Seuls les gauchistes blancs savent ce qu'est l'anti-racisme...

©Philippe Gouillou - 26 novembre 2003 - 13:53
https://evoweb.net/blog/arc20031123.htm#BlogID74

... et heureusement qu'ils sont prêts à l'apprendre aux autres, pauvres bougnouls qui ne comprennent rien à rien !

Je ne suis pas le seul [1] à être totalement écoeuré par cette obsession qu'a la gauche Européenne de vouloir apprendre au monde entier ce qu'il faut penser, quand, et comment. Un excellent post de Nelson Ascher (Friday, November 21, 2003 : "Leftist arrogance", Europundits) martèle :

Are you so naive as to believe that, if you Brits and the whole of Europe behave well, Muslim Fundamentalism will go away?
<...>
Bin Laden himself says he is at war with "Jews and Crusaders" who want, according to him, to destroy Islam. Why don't you take him at his word? Who authorized you to translate Jews as Sharon and Crusaders as Bush/Blair? Did he? Are you so arrogant that you think that an Arab can't state clearly what his goals are and, thus, you've got to interpret them for him in terms of Zionism, Imperialism, Capitalism etc.?
D'un coté la gauche critique toute utilisation de classification pour n'importe quelle étude scientifique, de l'autre elle affirme un monde uniquement bipolaire où tous ceux qui ne sont pas des gauchistes Européens ne peuvent être que des victimes sans aucun pouvoir de décision ni aucune liberté de pensée. D'un coté elle m'accuse de racisme parce que je cite des variations de moyenne de QI entre les pays, de l'autre n'importe quel gauchiste à QI moyen se croit supérieur aux intellectuels de tous les pays non-Européens !

  1. Voir mon post Les Irakiens sont vraiment trop cons... du 21-11-03



24 novembre 2003

Swing (brouillon)

©Philippe Gouillou - 24 novembre 2003 - 11:50
https://evoweb.net/blog/arc20031123.htm#BlogID73

Elle se leve, descend sur la piste, et commence à danser. Blonde, assez grande, elle est très belle dans sa petite robe moulante de cuir, qui devoile son corps tout le cote, juste close par quelques lacets. Elle n'a qu'à peine plus de 30 ans, est dynamique et souriante. Ses amis se moquent, disent qu'elle était plus belle avant, mais de fait elle n'a jamais autant plu. Tout de suite, un jeune homme s'approche. Il danse derrière elle, se colle à elle, lui met la main sur les seins, puis vers le haut des cuisses. Un autre arrive. Elle s'arrange pour qu'il s'approche, qu'elle se sente serrée entre eux. Elle les embrasse alternativement, les carresse aussi. Elle lance un grand sourire à celui qui l'avait accompagnée, pour lui faire comprendre que tout va bien. De toute façon, il n'avait pas l'air du tout inquiet. Sur la piste, d'autres groupes se forment, au hasard.

Les différentes formes d'échangisme (du mélangisme au gang-bang) sont difficiles à expliquer d'un point de vue évolutionniste : cela fait des années que je me creuse la tête, sans réponse définitive. J'ai même fréquemment été interroger des pratiquants et des pratiquantes, sans rien trouver de solide.

L'histoire ci-dessus est vraie. Pour certains, elle apparaîtra comme le summum de la déchéance, le "all-time low". Les habitués, au contraire, reconnaîtront que j'ai fait un effort : mon histoire ne provient que du tout commencement de cette soirée-la, et ne présente aucun caractère exceptionnel.

L'échangisme concerne principalement des couples d'un certain âge, la trentaine ou la quarantaine bien avancées (voire plus). Les clubs se concentrent surtout à Paris, et sur la Côte d'Azur. Il y a probablement une notion culturelle à prendre en compte, mais je ne vois pas laquelle. Si la Génération du dégoût (ceux qui ont eu 20 ans entre 1980 et 1985 : les derniers baby-boomers) y est très représentée, elle n'est pas la seule. De plus, on y croise aussi des femmes très jeunes et très belles.

La clientèle échangiste est d'assez bon niveau social. On retrouve la règle usuelle, de toutes les sociétés, que c'est le peuple qui suit l'abstinence, quand l'élite se dévergonde. Cela s'explique très bien par l'évopsy. Le top social se trouve dans le BDSM (Bondage, Domination & Sado-Masochism). Il semble que la raison provienne de la plus grande proximité biologique douleur-plaisir dans les niveaux sociaux élevés (expliqué dans Pourquoi les femmes des riches sont belles).

En vieillissant, une femme voit son taux d'hormones mâles augmenter, et cela est d'autant plus vrai si elle a eût des garçons. Certains pensent que cette évolution explique la plus grande frénésie sexuelle des femmes de 40 ans. Evidemment, elle n'apprend rien sur les plus jeunes. Mais ce n'est pas la seule hypothèse, loin de là.

La théorie la plus avancée est probablement celle de la Guerre du sperme, due à Baker et Bellis. La femme ayant déjà eu des enfants de l'officiel, chercherait à se faire féconder par d'autres, indépendamment de tout choix conscient. Laisser faire la nature, en quelque sorte. Cela est vrai aussi si la femme trouve son officiel pas assez bien, et veut le mettre en concurrence, ou bien qu'elle n'est pas assez belle pour obtenir les hommes qu'elle souhaite autrement. Mais, là encore, tous les cas de figure ne sont pas couverts : quid de la fille extraordinairement belle, très bien mariée à un homme beau et riche ?

La dernière hypothèse, enfin, est que l'explication ne se trouve pas directement dans les avantages sélectionnés, mais dans la recherche d'un effet secondaire, non voulu, d'un avantage séléctionné. Un résultat de ce que j'appelle la redondance : le plaisir sexuel n'était pas nécessaire pour la procréation, ce n'est pas lui qui a été directement sélectionné, mais il a apporté une sécurité non négligeable. L'échangisme serait juste jouer de cette caractéristique, un détournement du projet naturel initial.

(A compléter, commentaires bienvenus)

23 novembre 2003

La fin justifie les moyens

©Philippe Gouillou - 23 novembre 2003 - 20:03
https://evoweb.net/blog/arc20031123.htm#BlogID72

Une fois de plus on me demande : Crois-tu que la fin justifie les moyens ?

Oui, bien sûr que la fin justifie les moyens, c'est juste que ceux-ci ont une influence sur la fin.

Je suis supris que cette question se pose encore, comme si elle était philosophiquement difficile, ou alors essentielle, alors même que la sagesse populaire y répond souvent par ailleurs : On ne prend pas un marteau-pilon pour écraser une mouche. Sinon, et bien la fin ne sera pas tout à fait celle voulue : il n'y aura pas que la mouche d'écrasée.

Peut-être que cette obsession sur cette phrase provient d'une orientation vers le but, vers l'objectif. Certains diront que tout ce qui leur importe c'est d'arriver, tandis que d'autre voudront avoir en plus la conscience tranquille. Aucun ne s'interroge sur la définition même de l'arrivée : est-ce pareil d'arriver le premier soutenu par ses pairs que de finir les derniers mètres dans le sang de ses adversaires ? Il ne s'agit pas du tout d'une question de morale, mais d'une question de résultat.

On ne fait pas d'omelette sans casser des oeufs, nous dit-on. Bien sûr, mais les casse-t-on n'importe comment ?

Pourquoi n'enseigne-t-on pas ça à l'école ?

Une époque de héros

©Philippe Gouillou - 23 novembre 2003 - 09:39
https://evoweb.net/blog/arc20031123.htm#BlogID70

Nous vivons une époque formidable : chacun peut facilement y devenir un héros.

Au premier abord, cela peut sembler contre-intuitif. En effet, comment se distinguer en tant que héros dans un tel monde surpeuplé, noyé sous les communications, et où la science va si vite que plus personne n'arrive à en avoir une vision d'ensemble ? A part pour un quart d'heure Warholien, qui peut espérer émerger de la masse ? C'est un gros problème, en effet, mais, comme nous allons le voir, il n'est du qu'à une mauvaise approche de l'héroisme : on peut faire beaucoup mieux.

L'idée essentielle à comprendre pour devenir un héros est que chacun peut le devenir sans le vouloir. Je ne parle pas ici des circonstances extraordinaires, comme se retrouver au bon moment au bon endroit pour sauver une grande foule d'une mort certaine, non. Je parle de la vie quotidienne, et de ce que chacun fait tous les jours naturellement. En fait, la caractéristique de notre époque, c'est que c'est en étant normal que l'on se prépare à devenir un héros. C'est en cela qu'elle est formidable.

Plongeons-nous dans l'histoire. On nous apprend à l'école que les héros Galileo Galilée et Giordano Bruno, entre autres, ont été persécutés par l'église catholique. Sans ces persécutions, ils n'auraient été que de simples scientifiques, brillants et utiles, mais qui n'auraient jamais été parés de cette aura de l'héroisme que l'on reconnaît dans nos manuels scolaires. C'est la première règle à retenir : pour être un héros, il faut être persécuté. C'est tout simple ! Comparez Lamarck, Darwin et Wallace : lequel est encensé de nos jours ? Gagné : celui qui avait le plus à subir les foudres de l'église (anglicane, dans ce cas) [1]. Bien sûr, beaucoup citeront Pascal et Newton et d'autres génies universels [2] comme héros naturels, qui n'ont pas eu besoin d'être persécutés pour devenir des héros. Mais ces cas sont rares, et de toute façon, de nos jours, ils ne pourraient plus exister : l'Education Nationale (EN) est là pour les supprimer dès le plus jeune âge.

En comparaison avec l'histoire, nos vies ne peuvent que sembler petites, insignifiantes, sans reliefs : rien qui justifie de faire de nous des héros. Ceux qui auraient pu être des génies universels se sont plus ou moins suicidés, physiquement et/ou psychologiquement (automutilation), et les autres ne peuvent plus suivre ce monde qui va trop vite. Tout ceci est désespérant... sauf si on se souvient de la règle du paragraphe précédent : il suffit d'être persécuté ! Et comment fait-on pour être persécuté ? Et bien c'est là le génie de l'époque : il n'y a rien à faire, ça vient tout seul !

Imaginez que vous vous intéressiez à la recherche scientifique. Grâce à Internet, vous pouvez vous connecter sur les sites Américains, lire ce qui s'y publie, peut-être même communiquer directement avec les chercheurs. Ce que vous apprenez vous intéresse, vous en parlez autour de vous, et pire encore : vous le traduisez pour le mettre à disposition des francophones. Ca suffit : vous serez crucifié. Comment avez-vous pu propager de telles découvertes ? Vous êtes forcément nazi-fasciste-raciste-sexiste pour oser écrire tant de choses nauséabondes. Vous commencez à voir votre nom apparaître sur les forums, symbolisation du mal. Des sites se montent pour vous dénoncer. Au mieux, on vous décrit comme une personnalité controversée. Voilà : vous avez gagné la première étape pour devenir un héros.

Reste la deuxième. Trois, quatre ou cinq ans passent, et ceux qui vous traitaient de nazi publient maintenant les mêmes choses que vous écriviez. Tout d'un coup, ces découvertes deviennent acceptables, et certains se plaignent même du retard de la France dans le domaine. Il faut faire quelque chose. Ca y est, serez-vous un héros ? Vous êtes pris de vertige à l'évocation du nombre de gens qui ont subi les mêmes problèmes que vous. Vont-ils être reconnus ? Tant de héros d'un coup ? Non, bien sûr.

En fait, vous apprendrez très vite que vous êtes la vraie cause du retard de la France. Par le simple fait que vous ayez publié ces découvertes en avance, vous leur avez données une connotation politique rétrograde qu'évidemment les démocrates ne pouvaient pas accepter. C'est pour sauvegarder la liberté d'expression qu'ils se sont élevés contre vous. Maintenant qu'ils ont repris les choses en main, la science peut avancer sereinement, il suffira juste que les Américains nous attendent.

Quant à vous, ne dites surtout pas que pendant ce temps la science a avancé encore plus vite aux USA. Ne dites surtout pas que le retard n'est plus de 3, 4 ou 5 ans, mais de 8 ou 10 au rythme où vont les choses. Vous ne feriez que soutenir des idées nauséabondes.

Et puis, être un héros, de toute façon, ça paie pas.

NOTES :

  1. Beaucoup croient à tort que c'est l'église et les religieux qui avaient provoqué la déconsidération de l'évolutionnisme à la fin du XIX° siècle. En fait, l'église n'avait déjà plus les moyens d'un tel succès, et ce sont les attaques scientifiques qui ont (provisoirement) gagné. Les intuitions et observations des trois auteurs étaient insuffisantes pour véritablement fonder la théorie, tant que le moyen de transmission des caractères n'était pas découvert. Le travail d'observation et de description de Darwin avait été extraordinaire, mais il ne permettait pas de prouver l'évolution. Il a donc fallu attendre 1900 pour que Mendel soit redécouvert, et que l'évolutionnisme puisse être reconstruit sans cette faiblesse. Voir Pourquoi les femmes des riches sont belles
  2. Une professeur de français en collège, à qui je demandais comment l'EN faisait pour expliquer l'existence de tels génies précoces m'a appris que le sujet devait être soigneusement évité auprès des élèves.