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Aide-mémoire de réflexions rapides et brouillons de futurs articles : les courts textes présentés ici ne sont pas finalisés, mais peuvent servir à provoquer la réflexion.

Le thème général est l'analyse des sociétés actuelles selon la grille de la psychologie évolutionniste. La lecture préalable de : Pourquoi les femmes des riches sont belles : Programmation génétique & compétition sexuelle (Gouillou, Ed. Duculot (Louvain, Belgium), 2003) est requise, ou du moins une bonne connaissance générale du sujet : Axelrod, Buss, Dawkins, Geary, Hrdy...

De nombreux termes utilisés sont expliqués dans le Glossaire Evopsy.


23 février 2004

"Appel à la guerre contre l'inintelligence"

©Philippe Gouillou - 23 février 2004 - 21:06
arc20040222.htm#BlogID224

En plus de leur réponse à l'appel de Inrockuptibles, déjà reproduite par Ase' Corner, Les Mutants ont aussi lancé un appel, que je reproduis intégralement ci-après. Je suis loin d'être d'accord avec tout (eg: leurs propositions sont beaucoup trop étatiques pour moi, etc.), mais ça me paraît un texte intéressant à ajouter au débat.

Liens complémentaires :


Le texte des Mutants :
Appel à la guerre contre l'inintelligence

"Si vous êtes vraiment stupide, j'appelle cela une maladie. Elle doit être soignée. Une fois que vous aurez la possibilité d'améliorer génétiquement vos enfants, il serait aberrant de ne pas l'utiliser."
James Watson (Prix Nobel), 2003

Créée en 1905 par Alfred Binet et Théodore Simon dans le cadre de l'amélioration de l'école républicaine, le quotient intellectuel (QI) a connu un immense développement depuis un siècle. L'évaluation de l'intelligence, aussi appelée capacité cognitive générale ou facteur g par les scientifiques, est ainsi l'une des mesures psychométriques les plus sûres dont nous disposions. Des milliers d'études ont été menées à son sujet dans les pays occidentaux et asiatiques. Ainsi, il existe aujourd'hui un consensus international chez les psychologues pour reconnaître les faits suivants :

  • Le QI d'un individu reste stable tout au long de l'existence après l'adolescence.
  • Le QI est positivement corrélé à la réussite scolaire, universitaire et professionnelle.
  • Le QI est négativement corrélé à l'impulsivité, à la violence et à la délinquance.
  • Le QI est déterminé à 50 % par les gènes chez l'enfant de 6 ans, à 80 % chez l'adulte de 18 ans et plus (l'héritablité augmente avec l'âge).
  • Le QI n'est pas seulement un facteur important dans la réussite personnelle. C'est aussi un élément crucial du succès des nations, dans un monde socio-économique de plus en plus dominé par les facultés cognitives.
Alors que les secteurs primaires et secondaires ont vu leurs effectifs fondre du fait de la mécanisation des tâches physiques, le secteur tertiaire est devenu depuis les années 1960 la première source de création de richesses, donc d'ascension sociale. Pour les entreprises comme pour les Etats, le développement de la recherche fondamentale et appliquée, la rationalisation des tâches, la maîtrise des compétences abstraites, la valeur cognitive ajoutée sont désormais des conditions de survie. Ils sont aussi une source de bien-être pour la société tout entière, qui bénéficie des progrès de la science, de la technique et de la médecine : sécurité et abondance alimentaires, faible coût des ressources énergétiques, facilité de transport et de communication, recul des pathologies, gain d'espérance de vie... Pour la France, l'Europe et le monde, les grands défis de l'avenir ne pourront être relevés que par l'intelligence. Tout simplement parce qu'elle est au c�ur de l'évolution de l'espèce humaine.

Cette faculté si précieuse est laissée en friche depuis trop longtemps. Particulièrement en France.

Au nom d'une conception égalitariste de l'éducation, nous refusons dès l'école de reconnaître l'existence de différences cognitives entre les individus. Les meilleurs éléments sont laissés à eux-mêmes : le mérite personnel lié au talent et à l'effort n'est ni reconnu ni valorisé. La sélection qualitative a ainsi cédé la place à l'obsession quantitative : 80 % de la population doit avoir son baccalauréat alors que 50 % de cette même population ont un QI inférieur à la moyenne (100) et que beaucoup ne sont guère prédisposés aux études supérieures. Ce système est injuste : les enfants bénéficiant d'un bon QI se trouvent dans toutes les couches de la population et méritent d'être repérés précocement, afin de se voir offrir le meilleur cadre de développement. Au lieu de cela, seules les classes aisées bénéficient d'un bon environnement éducatif.

Du point de vue démographique, l'avenir n'est guère plus enviable. Personne n'ose dire que la France, comme toutes les nations développées, a avant tout besoin d'une immigration qualifiée, et non plus d'une main d'�uvre analphabète taillable et corvéable à merci. Tout le monde se cache pudiquement les yeux devant la corrélation négative entre QI et fertilité : elle signifie que les plus intelligents sont aussi ceux qui ont le moins d'enfants, et inversement. L'amélioration de la nutrition et de l'éducation, le recul des pathologies infantiles aux effets secondaires neurologiques, la légalisation de l'avortement pour raison thérapeutique ont permis une hausse provisoire du QI entre 1930 et 1980. Mais cette parenthèse est en train de se fermer, et le QI de nos populations vieillissantes risque d'entamer un lent déclin dans les années à venir.

Cette sombre perspective n'est pas une fatalité. Les solutions existent, mais elles supposent un changement radical de mentalité : passer du laxisme au volontarisme, de l'idéalisme au réalisme, de l'obsession de l'égalité au goût de l'excellence. Voici quelques-unes des nombreuses pistes qui s'offrent aux responsables politiques, économiques et administratifs pour enrayer le déclin de l'intelligence.
  • Encourager la recherche fondamentale sur les bases génétiques des facultés cognitives : intelligence, mémoire, apprentissage, langage, etc.
  • Soutenir la recherche appliquée pour la mise au point des tests permettant de dépister le plus tôt possible les prédispositions génétiques favorables et défavorables.
  • Soutenir la recherche pharmaceutique pour la mise au point de médicaments réduisant les dysfonctionnements neurobiologiques associés au retard mental.
  • Organiser dès l'école primaire, et annuellement, des tests psychologiques permettant de mesurer les capacités cognitives des enfants, mais aussi de déceler précocement certaines pathologies (hyperactivité avec déficit de l'attention, dyslexie, comportement antisocial, schizophrénie, etc.).
  • Supprimer le collège unique et mettre en place au primaire comme au secondaire une pédagogie différenciée, selon les niveaux cognitifs, les aspirations professionnelles et les besoins sociaux.
  • Enseigner les langues dès la maternelle et accorder le maximum d'options dès le primaire, afin que les enfants réalisent leur potentiel cognitif dans les domaines où ils sont susceptibles d'exceller.
  • Accorder une allocation de naissance proportionnelle au QI moyen des deux parents (lorsqu'il est supérieur à 110).
  • Organiser des campagnes systématiques d'information et de contraception auprès des populations cognitivement défavorisées (QI inférieur à 100).
  • Offrir une prime à tout individu dont le QI est inférieur à 100 acceptant la stérilisation volontaire, à condition que son consentement soit éclairé (commission médicale et psychologique, délai de réflexion).

Les Mutants, 20 février an IV


Saddam Hussein prochain président des US ?

©Philippe Gouillou - 23 février 2004 - 12:48
arc20040222.htm#BlogID223

Bon, j'avoue que j'exagère : mon titre est purement journalistique. Mais si l'on en croit WND cité par DhimmiWatch, le financement privilégié dont bénéficie John Kerry ne sert vraiment pas qu'à son élection, mais semble avoir un objectif plus précis : la destruction des USA.

WND cite en effet les liens de la Tides Foundation, que la femme de John Kerry (héritière Heintz) aide généreusement : la liste est longue, et il s'agit toujours de mouvements anti-américains. On y trouve notamment le soutien à Ramsey Clark's International Action Center, alors même que "Clark s'est réellement offert pour défendre Saddam Hussein", aux International ANSWER et United for Peace and Justice, "tous les deux ayant été dirigés par des révolutionnaires communistes", et même au groupe "Barrio Warriors" "race-conscious Hispanic organization" qui lutte pour la "libération du Aztlan", lequel inclut la Californie, le Nouveau Mexique, l'Arizona et le Texas.

Ca fait vraiment beaucoup pour un candidat fédéral : les islamistes plus les communistes plus les séparatistes... Les accusations sont-elles réelles ? Je ne sais pas du tout : la source originale semble être le G2 Bulletin de Joseph Farah, que je ne connais pas. DhimmiWatch remarque cependant en tout début d'article que ces soutiens sont tout à fait cohérents avec le courrier que John Kerry avait envoyé aux Mollahs d'Iran pour les assurer de son soutien. A suivre, donc.

22 février 2004

Commentaire sur "Les nuits difficiles"

©Philippe Gouillou - 22 février 2004 - 20:47
arc20040222.htm#BlogID222

Suite à mon post précédent, un lecteur m'écrit qu'il est "hautement improbable que Le Pen ait pu être en quoi que ce soit responsable de ne pas pouvoir se présenter aux élections". Il apporte par contre des arguments en faveur de l'hypothèse d'une intervention de l'UMP.

Je suis d'accord sur la très forte improbabilité d'une stratégie voulue de Le Pen, mais ne croit pas vraiment non plus à une stratégie d'un autre parti. En fait, si on me demandait de parier, j'appliquerais probablement cette version américaine du rasoir d'Occam : "Ne jamais expliquer par la malice ce qui peut l'être par l'incompétence". Heureusement, je n'ai pas à parier : je n'ai absolument pas accès aux informations nécessaires pour connaître la situation réelle.

Mais il reste ce qui était le thème de mon post et qui est, selon moi, le pire problème, source de la pire inquiétude : le fait qu'une stratégie d'abstention d'un favori apparaisse défendable au niveau marketing.

Les nuits difficiles

©Philippe Gouillou - 22 février 2004 - 09:27
arc20040222.htm#BlogID221

J'ai fait un rêve étrange cette nuit. C'était un rêve tellement éloigné de la réalité que je cherche encore d'où il a pu venir, mais, surprenament, il montrait une telle cohérence qu'on aurait pu croire qu'il aurait pu exister. Le voici :

Je suis un homme politique de la République du Bananistan qui a déjà plus de 30 ans de carrière. Les temps ont été durs, souvent, et j'ai essuyé beaucoup plus de revers que connu de triomphes. Mais, finalement, mon positionnement marketing cohérent (allié à des soutiens imprévus) m'a permis d'obtenir un statut envié sur l'échiquier politique du pays. Et j'ai même toutes les chances d'arriver au pouvoir suprême, porté par les voix des électeurs : il me faut juste réfléchir à la bonne stratégie.

La République du Bananistan est fondamentalement une démocratie représentative basée sur le suffrage universel (il suffit d'avoir plus de 18 ans pour pouvoir voter), le plus souvent à deux tours. On y trouve deux chambres de représentants (dont une est élue au suffrage indirect), un grand nombre de pouvoirs décentralisés, et des centaines de milliers de postes électifs. Une caractéristique : le poste le plus haut, qu'on appelle Présidence, est atteint par un vote au suffrage universel direct, à l'opposé de ce que l'on trouve généralement dans une démocratie représentative. C'est ce que je vise.

Les dernières élections présidentielle auraient pu marquer mon triomphe : contre toutes les prédictions, j'y suis arrivé en deuxième position au premier tour, éjectant le Premier Ministre sortant. Certains de mes partisans croient même que j'aurais pu gagner le second tour. Cela est loin d'être certain, mais le point essentiel est ailleurs : il est dans le fait que certains de mes adversaires (ceux-là même qui avaient été les plus rejetés par les électeurs) ont lancé un mouvement de contestation révolutionnaire contre moi. Pour cela, tous les moyens avaient été bons : diffamations, mensonges, propagande étatique à grande échelle via les organes de presse inféodés, et même et surtout manipulation des non-votants (moins de 18 ans) dans des manifestations de rue. En d'autres termes, les perdants aux élections ont essayé de se reprendre le pouvoir par une insurection que la presse essayait de faire passer pour populaire. J'ai finalement perdu aux urnes, mais le précédent insurectionnel est resté.

Presque deux ans ont passé, et ma popularité a encore monté. Il faut dire que le Président élu y a beaucoup contribué en mettant en application non pas le programme voulu par ses électeurs, mais celui de ses opposants, et cela sans y gagner la moindre reconnaissance de ces derniers. Il s'agit là tout à fait de ce que j'avais annoncé lors de ma campagne, et je peux maintenant confirmer mon positionnement de celui qui a eu raison. Il y a de nouvelles élections, régionales celles-ci, et je suis donné gagnant sur la région où j'ai prévu de me présenter.

Le problème est le précédent de l'entre deux tours des dernières présidentielles. Mes adversaires ont montré qu'ils ne respecteraient en rien le résultat des urnes, si j'y apparais gagnant : ils ont prouvé être prêt à manipuler les non-votants si nécessaire pour obtenir via une insurection le pouvoir qui leur a été refusé par les électeurs. Ai-je intérêt à me présenter ? Pourquoi ne pas utiliser exactement les mêmes armes que mes adversaires ?

De plus, certains de mes adversaires veulent même m'interdire de me présenter : les chances que je gagne leur paraissent trop fortes, et ils considèrent que leur seul espoir de garder ou reconquérir le pouvoir est de me mettre sur la touche. J'ai bien sûr renforcé mon équipe de gardes du corps.

Et puis j'ai une idée : puisque j'hésite à me présenter, et que mes adversaires aimeraient m'en empêcher, ne pourrais-je pas trouver un moyen de m'abstenir tout en faisant croire que j'ai été empêché ? Ce serait d'une pierre deux coups : ma non présence aux élections décrédibiliserait totalement celles-ci, et je ne serais responsable de rien, juste victime ! Ensuite il ne suffirait plus que de...

Hélas, j'ai eu tellement fait peur que je me suis réveillé : je ne sais donc pas quel fût l'avenir de cette République du Bananistan. Qu'y ai-je choisi ? Me suis-je présenté aux élections ? Ai-je au contraire choisi de m'abstenir ? M'a-t-on forcé à m'abstenir ? Ai-je trouvé un moyen (lequel ?) de faire croire qu'on m'avait forcé à m'abstenir ? Y-a-t-il eu insurection ? Si oui : laquelle ? De qui ?

Le rêve m'obsède et j'essaie de deviner. En toute logique, un système démocratique où le favori à une élection peut se demander rationnellement s'il n'a pas plus de chances d'obtenir le pouvoir en ne s'y présentant pas me paraît un système pour le moins fragile, qui n'est plus du tout démocratique. Et dans un tel monde aussi étrange les trois options semblent équiprobables : il est tout aussi possible que l'on m'ait interdit de me présenter, que je me sois abstenu de moi-même, ou que tout le monde ai trouvé intérêt à sauver les apparences. Je n'arrive pas à déterminer quel est le meilleur choix rationnel : ce système est tellement éloigné de celui que nous connaissons !

Il est tôt mais ne peux me rendormir. Je me lève, me sert un café, et recherche dans ma mémoire où une telle histoire aurait pu se passer, sans succès ; je ne comprends pas d'où mon rêve a bien pu provenir. Dehors il ne pleut plus, mais le ciel semble toujours très lourd. Je rallume mon ordinateur, et essaie de penser à autre chose. Parfois, il est nécessaire que la réalité soit mieux que les rêves.